En se promenant dans les rues de Lyon, vous pourriez passer, sans le savoir, près de l’une des 59 suites de MiHotel, situées au cœur de la ville. À la tête de cette entreprise pas comme les autres, Nathalie Grynbaum et son associée Stéphanie Marquez. Elles ont eu cette intuition de faire l’hôtel autrement : « Nous sentions que les besoins évoluaient, à commencer par les nôtres, voyageuses business. Pourquoi faire perdre du temps aux clients avec des procédures pénibles de check in/out, d’attente, alors qu’ils aspirent à une expérience simple, fluide, et haut de gamme ? » Avec son associée, Nathalie imagine un concept mêlant luxe et autonomie : des Suites personnalisées, design, uniques, accessibles grâce à un code sécurisé envoyé par SMS, sans réception ni file d’attente. Tout est pensé pour vivre une expérience !  

Pour aller plus loin, MiHotel développe sa propre technologie et notamment un algorithme de « revenue management » * qui ajuste les prix plusieurs fois par jour, permettant de maximiser les réservations en direct et de réduire la dépendance aux plateformes comme Booking. Mais Nathalie insiste : « La technologie seule ne suffit pas. Elle doit servir un objectif clair et être soutenue par des décisions humaines, toujours avec une vision à long terme. » 

Un défi qu’elle relève au quotidien : « Innover, ce n’est pas être dans la précipitation. C’est avoir un coup d’avance et savoir quand le jouer. » MiHotel ne cesse de se développer, tout en restant fidèle à son idée initiale, redonner au voyageur l’essentiel : son temps.  

* Stratégie qui consiste à ajuster les prix en temps réel pour maximiser les revenus en fonction de l’offre, de la demande et des prévisions. 

Directeur pédagogique d’IRIIG, une école spécialisée dans l’innovation et l’entrepreneuriat, Martial Bombrault apporte un autre regard sur le sujet. Cette école fondée par Stéphan Galy est née d’une conviction : « Les étudiants avaient besoin d’une formation différente, plus connectée à la réalité des entreprises, plus engageante et centrée sur les compétences clés du 21e siècle : esprit critique, créativité, communication et coopération. »

IRIIG se distingue par son modèle hybride, mêlant formation initiale innovante dans ses modalités, formation continue et conseil sur mesure pour entreprise, et incubation/hébergement pour entreprises nouvelles et acteurs écosystèmes. Derrière ce modèle se construit une volonté de construire un lieu où étudiants, entrepreneurs et dirigeants se mêlent, travaillent ensemble sur des problématiques réelles, partagent des connaissances, des expériences et des approches de l’innovation sous toutes ses formes. Ce modèle mixte génère des activités complémentaires, et s’appuie sur des ressources transversales rares dans ce secteur d’activité.

Ce modèle démontre que l’innovation peut être appliquée à des structures aussi essentielles que l’enseignement supérieur. « C’est en continuant à anticiper et se remettre en question qu’on prépare au mieux les talents de demain » conclut Martial avec une confiance qui donne envie d’y croire. 

Pour Jérôme Marteaux, qui a repris DUFETRE & MICHAT en 2019, l’innovation est au cœur de son ambition : prouver que l’industrie française peut encore prospérer en se modernisant. Spécialisée dans la fabrication d’outillages de fonderie, cette entreprise incarne une volonté claire de produire localement tout en repensant les procédés traditionnels.  

Mais les défis ne se sont pas fait attendre : pandémie COVID, difficultés de recrutement et évolution du contexte économique. « Cela nous a obligés à repenser notre modèle pour qu’il soit plus résilient et mieux adapté aux imprévus » raconte Jérôme. Sa réponse ? Une organisation polyvalente, où les ressources humaines et matérielles servent plusieurs projets simultanément, limitant ainsi les risques. Et surtout, ajouter de la récurrence dans son chiffre d’affaires pour être moins dépendant des stratégies d’investissements de ses clients. 

Pour lui, l’innovation repose aussi sur une vision stratégique : « Il faut toujours avoir un coup d’avance, mais ce coup d’avance doit s’inscrire dans une logique concrète, adaptée au terrain. » Une manière pour lui de repenser un secteur souvent perçu comme figé. 

Pour Johan Putters, associé chez Dynergie aux côtés de Xavier Levesy et de Louis Veyret, l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) générative est une opportunité pour les entreprises. Utilisée de manière stratégique en interne pour les équipes ou dans l’expérience client, l’IA peut représenter un bénéfice concret dans des domaines variés : les ressources humaines, le marketing, le commerce, mais aussi la R&D ou encore l’informatique.

Selon Johan, l’IA permet avant tout de gagner un temps précieux sur des tâches chronophages, tout en garantissant une meilleure cohérence dans les processus. Elle simplifie l’accès à des informations parfois complexes, stimule la créativité lors de brainstormings ou réflexions stratégiques, et enrichit l’offre de produits et services pour mieux répondre aux attentes des clients. L’adoption de l’IA générative représente aujourd’hui un tournant majeur : « L’IA ne vous remplacera pas, mais une personne ou une organisation utilisant l’IA le fera », souligne Johan. Les entreprises qui l’intègrent de manière structurée observent des gains de productivité significatifs.


Au final, il n’existe pas de recette universelle pour innover dans son business model. Chaque entreprise, chaque secteur, chaque contexte appelle des réponses spécifiques. Ce café thématique a offert des exemples concrets et variés, mais avant tout des clés de réflexion pour inspirer les entrepreneurs dans leurs propres démarches. 

L’innovation, c’est d’abord une question d’adaptation. De plus, « il ne faut jamais oublier les besoins humains qui sont au cœur de toute entreprise », ajoute Nathalie. Une approche que les participants retiendront sans doute, et qui pourrait les inspirer à bâtir des modèles plus flexibles, plus robustes et mieux adaptés aux enjeux de demain. 

Ange TETA