Florence Ribes est la fondatrice d’Iris Financing, une société de gestion d’actifs financiers spécialisée dans les transactions financières de haut de bilan ( corporate finance) pour les entreprises technologiques . Vice-Présidente de Réseau Entreprendre Paris depuis sa création en 2004, elle est l’un des piliers de l’association. Dans cette interview, elle nous raconte son parcours d’entrepreneure.
Créer ton entreprise.. À quel moment as-tu eu le déclic ?
En 2000, lorsque mon métier d’introduction en bourse de valeurs technologiques a disparu avec la chute des marchés financiers – sous la pression des clients qui cherchaient des financements, dans une période de fort développement ( juste avant la bulle internet) . J’ai lancé la société Iris Financing en novembre 2000, un peu comme « Monsieur Jourdain » ( ndlr : qui faisait de la prose sans le savoir) …
Je souhaitais apporter de l’expertise, de la plus value en opérations de financement et de cession de valeurs Tech mais je n’avais conscience que j’allais créer une entreprise. Cela fait maintenant plus de 20 ans et je m’amuse comme au premier jour. En outre, le deal flow (flux de client) me vient tout seul …
Quelle a été la plus grande peur que tu as dû affronter pour te lancer ?
Je pense que ce qui m’a demandé le plus d’audace au départ , c’est demander à facturer mes prestations. Avant de créer Iris Financing, je donnais souvent des conseils et des mises en relation gratuitement aux personnes qui me sollicitaient. Jusqu’au jour où j’ai décidé de créer ma société. Cette peur de réclamer s’est finalement révélée injustifiée puisque je n’ai reçu aucune réticence de la part de mes clients. Au contraire !
Une chose qui n’était pas prévue dans ton parcours ?
Rien n’était prévu , tout s’ajuste au fur et à mesure et je suis même surprise de la longévité de mon entreprise !
Est-ce que tu as déjà eu envie d’abandonner ?
C’est un travail extrêmement stressant et on prend une partie de la charge de l’entrepreneur concernant LA transaction de sa vie ou pire, le stress des salaires de fin de mois. Donc la charge mentale est forte et la bande passante constante ! Alors oui parfois, la tentation de décrocher pour élever mes enfants devenus « préados » s’est fait sentir, mais toujours brièvement car ce job est passionnant et addictif.
Reste que la culpabilité de ne pas être assez disponible pour ses enfants est profondément ancrée dans l’inconscient maternel. Je n’éprouve pas le même tiraillement pour mes clients car la charge est plus rationnelle et plus facile à gérer avec beaucoup de travail.
Pour les enfants, c’est plus subtil car cela demande une « écoute disponible », une attention profonde. Je ne parle pas de l’organisation matérielle (repas, soins, activités , conseils de classe, etc.) qui se gère comme des taches professionnelles et qui peuvent être déléguées (j’ai eu la chance de me faire aider par des jeunes filles au pair). Je parle de ce temps de présence qui aide un enfant à se construire, à s’identifier, à se donner de la valeur et à partager son quotidien. Pour cela, j’ai choisi de me faire accompagner par des coachs et de participer à des ateliers « parents/enfants », qui nous ont permis de partager de vrais moments ensemble. Cependant, s’il m’arrive de regretter de ne pas avoir donné plus de temps disponible à mes enfants, je ne regrette pas d’avoir fait le choix de l’entrepreneuriat. J’aime profondément mon activité professionnelle, ce sentiment de confiance, de satisfaction, de liberté et de sécurité financière que cela procure. C’est aussi un exemple de réalisation et d’endurance pour mes enfants.
Où puises-tu ton énergie au quotidien ?
Dans la curiosité d’apprendre et le goût de la vie. Dans le parcours, la vision et l’énergie qui animent ces entrepreneurs, parfois inconscients des difficultés qui les attendent.
Un rêve pour ton entreprise ?
Oui, je rêve de voir que ce j’ai construit avec Iris Financing puisse poursuivre son chemin après moi. J’aimerais transmettre ma société à de plus jeunes qui souhaiteraient reprendre le flambeau.
Une personne que tu aimerais remercier ?
Mon plus ancien et fidèle client depuis 20 ans. Entrepreneur exemplaire, il a monté une entreprise régionale dans les télécoms, cotée en bourse, en France et aux États-Unis avant d’être revendue à des américains. Il m’a confié toutes ces opérations de haut de bilan avant la cession de sa société puis ensuite tous ses investissements dans les startups et m’a toujours fait confiance dans toutes ses opérations de développement. Il se reconnaitra…
Tu n’en serais pas là si..
Si je n’avais pas fait preuve d’une incroyable ténacité et d’un sens tactique, tout au long de ma carrière. Si je n’avais pas apporté de l’expertise technique chevillée à de la diplomatie dans les négociations entre entrepreneurs et investisseurs , parfois portés par des egos très forts, en permettant à mes clients d’ajuster leur posture face à des opérations structurantes pour eux et pour leurs entreprises. Si je n’avais pas résisté au stress et aux négociations parfois difficiles et enfin, si je n’avais pas eu de l’humour dans tous les cas.
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