Orosound, M. Moustache, Séquences Clés… trois entreprises lauréates de Réseau Entreprendre Paris. Trois cas concrets d’engagements au service des territoires, de l’environnement ou d’une société inclusive.
Comment Orosound a fait le choix de relocaliser la production de son casque TILD® PRO à Saint-Malo ?
C’est un voyage de 10 000 km qu’a choisi de faire Orosound (lauréat 2016) pour produire la nouvelle version de
son casque TILDE® (micro-casque anti- bruit intelligent pour l’open-space ou le télétravail). Direction Saint-Malo,
chez Asica, après quelques années de production chinoise. « En France, il y a un vrai savoir-faire, de belles entreprises et une industrie qu’il faut valoriser. »
Produire en France pour assurer la qualité et l’approvisionnement
Au démarrage de l’activité, Orosound avait choisi un site de production en Chine : main d’œuvre peu coûteuse, rendements élevés, expertise électronique. Les avantages de la sous-traitance asiatique sont bien connus pour la production de composants électroniques. Connaît-on aussi bien les avantages des usines françaises ? Pour les fondateurs d’Orosound, ils sont nombreux : proximité avec les clients, réactivité et fiabilité des partenaires, optimisation des délais de livraison et des flux de trésorerie. Le “Made in France” n’est pas qu’un dogme, c’est aussi une option stratégique gage de performance. Et les fondateurs de l’entreprise d’ajouter : « Produire en France, c’est aussi se rapprocher de sa clientèle ! ».
Soutenir une filière et l’emploi dans les territoires
La France est reconnue pour ses industries de l’armement, de l’aéronautique, du luxe. L’électronique est moins valorisée. L’association de soutien à la filière a été créée en 2018. Les annonces du gouvernement relatives à la création d’un « Airbus des batteries » ainsi que le développement de la voiture électrique pourraient être, dans les prochaines années, une occasion, pour l’industrie électronique française, de reprendre le train en marche !
Pourquoi M. Moustache s’est lancé dans le recyclage de chaussures usagées
8 ans après sa création, M. Moustache (lauréat 2014 & 2018) – marque de souliers de qualité à prix abordable – lance « Enco[re] », un programme de recyclage pour transformer les chaussures usagées en nouvelles semelles. Pourquoi ? « Parce qu’on ne se retrouvait pas dans le discours de compensation, qui ne touchait pas au produit lui-même ! », explique-t-on chez M. Moustache. M. Moustache a travaillé plusieurs années à ce projet de réemploi, en l’absence
d’une offre équivalente sur le marché. Les premiers impacts sont opérationnels mais débordent rapidement sur l’ADN de l’entreprise.
La marque revoit la composition des semelles des chaussures
En 2020, les premiers jalons sont posés : les clients peuvent désormais restituer en magasin leurs souliers usagés (de toutes marques) que M. Moustache transforme bientôt en semelles. C’est une réduction de 70% du besoin en matière première pour les semelles des nouvelles collections ! Bientôt, ces semelles seront utilisées sur 100% des modèles de la marque, qui continue son chemin vers plus de recyclage et des matériaux propres et végétaux.
Impact environnemental réduit, mais coûts en hausse
Le choix du recyclage représente pour l’entreprise des coûts supplémentaires : il est bien plus complexe de décomposer une chaussure usagée que de partir de matières premières neuves. Au-delà, les difficultés tiennent à l’absence d’interlocuteurs (partenaires, fournisseurs) motivés par le projet. Enco[re] est également source de nouvelles opportunités : marketing, commerciales ou managériales. Les fondateurs espèrent que cette démarche pourra influencer durablement le secteur, et en tirent un premier bilan : « On voulait rentrer dans le recyclage mais l’enjeu est beaucoup plus large ! On est loin d’avoir résolu le problème, ce n’est que l’amorçage de quelque chose de grand ! ».
Comment Séquence Clés a intégré 60% de personnes en situation d’handicap dans ses équipes ?
Et si l’entreprise permettait à chacun de grandir et d’évoluer ? C’est la conviction de Marie-Tiphaine Mouton, DG de l’entreprise Séquences Clés (lauréat 2020), société de production audiovisuelle qui emploie notamment des personnes vivant avec un handicap ou une maladie. Séquences Clés repense le modèle des sociétés de production, en donnant leurs chances à des personnes talentueuses, en situation de handicap. Le résultat est clair : l’entreprise compte 21 ETP dont 60% sont porteurs de handicap. Chacun des projets de l’agence est porté par plusieurs collaborateurs – tous
salariés – ce qui permet de s’adapter rapidement selon les problématiques personnelles des uns et des autres. Le résultat : « Mêmes délais, même prix, même qualité : la différence entre nous et une boite de prod’ classique, c’est qu’il y a des temps masqués, avec parfois plusieurs personnes en relai à chaque étape. »
Le pari d’un fonctionnement libéré et respectueux de chacun
Le succès de Séquences Clés repose sur une organisation horizontale et des valeurs fortes. Handicapé ou non, chacun est libre d’organiser sa journée de travail comme il l’entend. La confiance accordée aux salariés handicapés se manifeste à travers deux grandes valeurs : zéro censure (liberté d’expression et d’être soi-même) et carte blanche (créativité et droit à l’erreur). Le résultat se mesure aussi par les chiffres : « Quand certains ne vont pas bien, ils osent le dire. Les émotions sont exacerbées mais le taux d’absentéisme est proche de 0, car les gens sont heureux ! »
Embarquer tout un secteur dans le projet d’inclusion
L’insertion des personnes en situation de handicap est un enjeu majeur pour les entreprises du secteur de la communication et de l’audiovisuel. Séquences Clés lancera en 2021 un dispositif de formation pour professionnaliser et développer l’employabilité de personnes en situation de handicap, en lien avec des grands groupes du secteur qui ont des besoins de recrutement.
Extrait du Magazine Made In Réseau Entreprendre Paris, édité à l’occasion de 16 ans de l’association. Made in Réseau Entreprendre Paris est un magazine fièrement édité par Réseau Entreprendre Paris – Directeurs de la publication : Colombine de Chantérac & Maxime de Couëssin – Édition déléguée : StreetPress – bonjour@streetpress.com – Édition et coordination : Johan Weisz-Myara – Journalistes et contributeurs : Colombine de Chantérac, Lucas Chedeville, Maxime de Couëssin, Ludovic Girodon, Pauline Larroque, Mathilde Manya, Armelle Weisman, Léopold Wolfrom – Photographe : Yann Castanier – Illustration et Direction artistique : Kiblind Agence – Imprimeur : ARCOS-IRIS – 46 rue de la République, 93100 Montreuil
