L’entreprise libérée et les nouvelles formes de management
Les invités
Animation par Eve Chegaray (BFM Business), avec :
- Emery Jacquillat: fondateur de Matelsom, repreneur de la Camif en 2009
- Alexandre Jost: fondateur de La Fabrique Spinoza, think tank politique sur le bonheur citoyen
- Charles-Edouard Girard: fondateur et président de Guest To Guest, Lauréat de Réseau Entreprendre Paris
Les idées fortes
- Emery Jacquillat témoigne du changement de culture d’entreprise qu’il a insufflé à la Camif, qui traverse en 2009 une crise grave. Les initiatives sont originales, comme de faire venir une artiste en résidence dans les locaux de l’entreprise. L’artiste intrigue, interroge, suscite le débat… et rapproche les collaborateurs. Chaque année, Emery Jacquillat propose à ses équipes de l’accompagner dans un tour d’horizon des artisans du Made in France: un moment privilégié de cohésion, où les collaborateurs sont au cœur de l’innovation et de la décision.
- Selon Emery Jacquillat, le rôle du leader est d’incarner et de donner le sens. Il favorise la cohésion et la proximité, en tendant à disparaître derrière ses équipes. Aujourd’hui, des pans entiers de l’entreprise, comme la rédaction du budget, sont portés par des volontaires. Le résultat s’avère plus audacieux que les prévisions établies par les managers. Cette démarche a révélé de nouveaux talents dans l’équipe !
- Chez Guest to Guest, le management « libéré » repose sur:
- Des valeurs définies et partagées : optimisme, ambition, bienveillance
- Une vision et des objectifs définis de manière collaborative
- La responsabilisation de chaque employé dans son domaine de compétence
Chaque employé peut s’impliquer dans les projets qui l’intéressent. Il rejoint une « crew » (équipe projet) ou un « core » (noyau dur, moteur du projet) selon son degré d’implication. Il peut aussi suivre le projet de loin, en tant que « fan ».
- La gestion des RH chez Guest to Guest a été simplifiée: les salaires à l’embauche ne sont pas discutés, tant qu’ils correspondent à une fourchette fixée à l’avance. Les primes sont les mêmes pour tous. La coordination des équipes est tournante : des binômes sont désignés pour deux mois puis cèdent leur place. Les évolutions se font naturellement.
- Alexandre Jost nous apprend que le stress au travail coûterait 4 points de PIB français par an. En entreprise, 35% des collaborateurs se disent « activement engagés » tandis que 25% d’entre eux sont « activement désengagés ». A La Fabrique Spinoza, on réfléchit donc au bonheur en entreprise, non comme engouement passager, mais en tant que ressort essentiel à la pérennité des entreprises. Alexandre Jost recommande le visionnage du documentaire « Le bonheur au travail », parmi les plus vus de la chaîne Arte.
- Selon Alexandre Jost, les 5 piliers de l’entreprise libérée sont:
- Une vision claire: la liberté sans vision, c’est l’abandon.
- Un processus de décision solide : il faut adopter un mode de gouvernance sociocratique et que les personnes impactées par une décision soient consultées.
- Un processus de communication clair: toute l’information doit être à disposition de tous.
- Des moments formels et informels pour réfléchir à la manière de mieux travailler
- Un processus de régulation des conflits.
Et surtout, ne jamais abandonner !
- Alexandre Jost reconnaît que la libération de l’entreprise peut être un facteur de stress pour les employés. Elle peut être d’une « grande violence » lorsqu’elle ne s’accompagne pas de bienveillance. Néanmoins, toute entreprise peut être « libérée » tant que cette évolution respecte les collaborateurs et la culture d’entreprise initiale.
Selon Charles-Edouard Girard, 3 qualités sont nécessaires pour rejoindre une entreprise libérée : autonomie, écoute, partage. L’autonomie et l’écoute ne sont pas discriminantes à l’embauche car elles s’apprennent sur le tard. En revanche, le partage relève de la personnalité du candidat : il faut valider avec lui qu’il