Il prend le succès en filature
Benoit De Larouzière, ancien consultant en stratégie chez Airbus, a repris, en mai dernier, la filature creusoise Fonty, à Rougnat, labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant ». Fervent admirateur du savoir-faire traditionnel et des liens humains qui se tissent en zone rurale.
« Je souhaitais exercer un métier qui correspond à mes valeurs » sourit tranquillement Benoit De Larouzière, 48 ans. Assis à son bureau, il montre d’un geste le vieux bâtiment qui abrite la filature, créée en 1880, une des dernières encore en activité en France. « Quand je suis venu visiter, j’ai eu un coup de foudre immédiat » . Des pelotes de laine multicolores décorent une table dans la pièce qui semble à la fois ancrée dans l’histoire et hors-du-temps. « Je voulais changer de vie, me sentir utile dans une ma nouvelle voie professionnelle » précise, d’un air soulagé, l’ancien consultant en stratégie qui vit entre Paris et la Creuse.
80% du chiffre d’affaires fait en merceries
Avant de racheter Fonty, il travaillait pour Airbus. « Je voyageais beaucoup, entre Toulouse, Madrid, ou Hambourg . J’étais par monts et par vaux, loin de mes attaches familiales, sans réellement trouver de sens à mes activités. Avec l’aide du groupe RESFE « Repreneurs d’Entreprises aux Savoirs Faire d’Excellence » auquel j’appartiens, j’ai regardé quelle structure pouvait m’intéresser et j’ai choisi Fonty. Elle est labellisée « entreprise du patrimoine vivant » . Tenant à rester discret sur le montant du rachat, il préfère mettre en lumière l’engagement humain plutôt que financier, lié à cette reprise. « La filature fait partie du patrimoine local de la commune. Dix-huit salariés composent l’équipe mais l’ambition est de parvenir à trente salariés au total » ajoute-t-il. Si les valeurs de préservation du patrimoine et l’importance du lien humain en zone rurale résonnent en lui , telle une philosophie de vie, Benoit de Larouzière est aussi un homme d’affaires hors pair et un fin connaisseur de la sphère internet.
Mailler des aspirations…pour le secteur du luxe
Dans les années 2000, il a créé deux start-up, dont une spécialisée dans la réservation en ligne pour le groupe UGC. « Nos produits sont faits en France, avec de la laine naturelle. Nous vendons des pelotes principalement destinées aux merceries. Quatre-vingt pour cent de notre chiffre d’affaires est fait avec elles. Mais le développement de la marque sur les prochaines années pourrait peut-être se faire vers des produits finis tels que des pulls, des écharpes. Un des objectifs serait aussi de faire connaitre Fonty sur internet et de développer les relations avec les artisans de la mode, dans le haut-de-gamme, le luxe » poursuit celui qui a déjà maillé ses aspirations. Avec quarante qualités de laine et soixante-dix couleurs , Benoit de Larouzière sait que Fonty a un futur prometteur. « Nous avons un produit de qualité, c’est une évidence. Pour le reste, nous devons refaire le parc informatique, créer de nouvelles lignes de production et améliorer le marketing avec un logo plus moderne et tout cela nécessitera du recrutement » résume-t-il.
Des valeurs humaines partagées avec Réseau Entreprendre® Limousin
« Réseau Entreprendre® Limousin a perçu mes ambitions j’imagine. C’est une chance inouïe d’avoir reçu leurs conseils avisés. Mon chargé d’études, Jacques Champion a fait preuve de beaucoup de pragmatisme et de clairvoyance pour répondre à mes inquiétudes » explique l’entrepreneur. Il a bénéficié d’un prêt d’honneur de 30.000 euros, et d’un soutien humain, qui correspond à ses valeurs. « Le côté financier est important bien sûr, mais ce n’est pas cela qui fait la valeur de quelque chose » ajoute-t-il. Son entreprise est aussi soucieuse de l’environnement ; Benoit de Larouzière souhaite prolonger l’engagement écoresponsable et placer l’humain au cœur des projets. « Les salariés sont autonomes et polyvalents. Ils ne manquent pas d’idées, prennent des initiatives. Je suppose que Réseau Entreprendre® Limousin partage cette conception ».
« Baikal », « Gengis khan », « Cœur d’angora » : les noms de chaque laine sont inscrits sur les pelotes et invitent au voyage. Des hauts plateaux du Tibet, en passant par la cordillère des Andes, Fonty se fournit en laine brute sur tous les continents dans un esprit de commerce équitable. Des toisons qui valent tout l’or du monde selon lui. « On reçoit la matière en balles, puis on la mélange, on la carde, on la tisse, on l’assemble, on la teint et la bobine » énumère-t-il avec enthousiasme. « Ce savoir-faire est précieux » conclut-il, précisant que les galons des vestes Chanel de la saison 2017-2018 sont en laine Fonty. Il tisse déjà les liens du succès.