Réseau Entreprendre® est un réseau international accompagnant les chefs d’entreprises dans leur projet créateur d’emplois. Mariana Royer est l’une d’entre eux. Après un succès entrepreneurial au Canada, elle a fait le choix de revenir en Guyane pour y créer et développer son entreprise innovante, Bio Stratège , dans le domaine de la valorisation de la biosphère locale. En recherche de soutien, elle a fait appel à Réseau Entreprendre® Guyane qui l’a accompagnée et auprès de laquelle elle a suivi le programme Innov’. À l’occasion de notre 2e édition de la semaine Innov’ découvrez son parcours.
Mariana, vous êtes lauréate de Réseau Entreprendre® Guyane, pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel en quelques mots ?
Je suis Mariana Royer, docteure en chimie des substances naturelles et entrepreneure passionnée. J’ai fondé ma première start-up en 2011 au Québec, avec laquelle nous avons mis en place la première chaîne de valorisation des biomasses de la transformation initiale du bois via l’extraction de principe actifs d’intérêt pour les soins de la peau et du cheveu. Ces derniers ont obtenu une véritable reconnaissance de l’industrie cosmétique mondiale, considérés comme nouveaux ingrédients high-tech 100% naturels et issus de l’économie circulaire.
Suite à ce succès j’ai quitté l’entreprise pour contribuer à l’essor économique de la Guyane, ma terre natale, via la valorisation de son exceptionnelle biodiversité. C’est ainsi qu’en 2019, j’ai fondé Bio Stratège, premier laboratoire industriel privé dédié à la valorisation des plantes de Guyane française pour les marchés cosmétiques, alimentaires et phytosanitaires. Nous avons depuis lancé 3 marques de produits finis en local et un catalogue d’ingrédients cosmétiques pour les industriels en recherche d’alternatives vertes et écologiques.
La crise actuelle a-t-elle été un moteur pour vous lancer dans l’innovation ?
Disons que la crise COVID a eu un effet moteur car notre projet entrepreneurial est complètement aligné avec les plans de transition écologique qui ont été accélérés dans cette période, les besoins des industriels de trouver des solutions alternatives vertes, la volonté politique d’accompagner des projets « Greentech » et l’exigence des consommateurs d’obtenir des informations transparentes sur la sécurité des ingrédients des produits, leur origine et leurs impacts environnementaux et humains.
La mise en valeur des propriétés des plantes pour le bien-être et la santé ont aussi rappelé et conscientisé la nécessité de prévenir les épidémies par une meilleure alimentation plus en équilibre et en symbiose avec l’environnement qui nous entoure. Nos activités répondent aussi à la volonté de mettre en place des plans d’autonomie alimentaire et de miser sur une agriculture propre. Bio Stratège Guyane est un projet d’avenir pour la France et l’Europe.
Notre vision de l’AmazonActiv Valley comme vitrine technologie verte pour la France est bien ancrée dans les stratégies de politique économique en cours, vers un changement des modes industriels et un contrôle des impacts de l’implantation de filières sur les changements climatiques.
Qu’avez-vous trouvé auprès de Réseau Entreprendre® Guyane ?
Un soutien moral et un accompagnement stratégique efficace dans un premier temps. Du conseil, de l’écoute, de l’appui pour passer les caps difficiles avec l’aide du regard avisé des accompagnateurs qui me permettent de m’élever au-dessus des situations et de prendre du recul pour mieux envisager mon saut. Être seule dirigeante d’un tel projet, ambitieux, génère beaucoup de pression, de travail et une grande difficulté parfois à sortir la tête du guidon pour mieux appréhender, anticiper et avoir une stratégie percutante sur du long terme. Réseau Entreprendre® m’a permis de moins me sentir seule et de mettre en place un comité des sages constitué de mentors nationaux et locaux qui me guident, m’appuient, me suivent et me redonnent du courage quand je sens mes forces faiblir.
Qu’avez-vous pensé de notre programme Innov ? Qu’est-ce que cela vous a apporté de plus ?
C’est extraordinaire. À mon sens, cela m’a permis de faire un bon dans le mode de gouvernance de ma société. Aujourd’hui j’ai un plan stratégique clair et priorisé qui me permet de mieux anticiper et de rester plus focus sur les clés du succès de notre entreprise. C’est aussi un programme qui m’a permis de réinjecter des fonds dans ma structure et m’a donné un effet de levier pour obtenir des fonds plus conséquents sur les projets d’innovation et de montée à l’échelle du modèle économique. Je suis également très heureuse de pouvoir échanger avec des chefs d’entreprise de façon nationale. Je bénéficie de leurs expériences dans une approche plus globale du marché et en même temps je leur donne aussi ma vision de la réalité locale. Ce n’est pas la même chose d’être à la tête d’une start-up dont le siège social est à Matoury en Guyane qu’à une dont le siège est dans une grande métropole française. Le regard des investisseurs est différent et nos défis sont beaucoup plus grands en raison de l’éloignement et du manque d’adaptabilité de certains programmes, processus et normes qui ne correspondent pas à nos spécificités. Cependant je crois sincèrement que relever ces défis fera de moi une véritable guerrière de l’entrepreneuriat français.
Selon vous, quelles sont les compétences les plus importantes nécessaires pour être innovant ?
Il faut être out of the box, penser que rien n’est impossible et que l’innovation se situe là où on doit surmonter des obstacles finalement. En Guyane, nous avons le champ libre pour cela car TOUT reste à faire, à créer. L’innovation est à la porte de l’ensemble de nos axes de développement, aussi bien au niveau des procédés de transformation des diverses plantes jamais valorisées, que dans la découverte de nouvelles molécules naturelles aux fonctionnalités d’intérêt économique fort, ou dans le mode d’implantation de notre modèle industriel, le choix des technologies et leur adaptation à la réalité amazonienne, etc. Nous avons à tous les maillons de la chaîne une potentielle fenêtre d’innovation soit d’adaptation soit de rupture complète.
Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur innovant, que vous auriez aimé entendre lorsque vous vous êtes lancée ?
Mon meilleur conseil c’est de s’écouter et de se rappeler que rien n’est impossible et que l’innovation réside dans la volonté de briser les codes et de justement démontrer que c’est possible. Alors il ne faut pas hésiter à croire en ses rêves les plus ambitieux et savoir prendre des risques pour les atteindre.
Retrouvez nos sujets sur notre 2e semaine Innov :
*Coralie Vincens, directrice de Réseau Entreprendre Tarn Aveyron résume notre accompagnement auprès des entreprises innovantes.
*Antoine Dupont, bénévole chez Réseau Entreprendre® Isère, référent du groupe de travail Innov’