8e portrait de notre série RÉ’Elles ! Deux jeunes cheffes d’entreprise qui ont l’entrepreneuriat dans la peau. Elles ont uni leurs forces pour faire bouger les lignes du retail, dont 80% sont issus du prêt-à-porter. Grâce à l’accompagnement de Réseau Entreprendre®, elles espèrent atteindre la première marche du Podium.
L’entrepreneuriat comme une seconde peau
De belles histoires naissent souvent sur les bancs d’école. Celle de Mathilde Artale et Charlotte Guinnebault en fait partie. Elles se sont rencontrées en 2021 à l’ESCP Business School, en mastère spécialisé « Innover & Entreprendre ». La première est native de Marseille, la seconde du Chesnay, en région parisienne. Les deux jeunes femmes partagent une même passion pour l’entrepreneuriat et l’environnement. « Et cela depuis toujours », confie Mathilde qui, a 25 ans, a déjà trois entreprises à son actif : Golf_tous, Lmconcept et Artalys.
Pour valider leur formation, les étudiantes doivent monter un projet d’entreprise, innover à partir d’une feuille blanche. Elles créent la première version de Podium, un site en ligne de location de vêtements pour femmes. « La première année, Charlotte a piloté seule l’entreprise car j’étais engagée sur le projet Artalys », précise Mathilde. En octobre 2022, Charlotte lui demande de la rejoindre. Échaudée par une première expérience malheureuse avec un associé, Mathilde hésite et finit par répondre oui, après cinq longs mois de réflexion et de travail avec celle qui deviendra son associée.
Le futur du retail est circulaire
De mars à septembre 2023, Podium est incubée à Station F, à Paris. Les deux associées trouvent rapidement des financements auprès de Réseau Entreprendre® Essonne (50 000€), Bpifrance (30 000€) et Station F (10 000€).
L’idée de Podium est partie du constat qu’on ne porte qu’un tiers des vêtements de notre dressing, soit parce qu’ils ne nous vont plus, soit parce qu’ils ne nous plaisent plus ou alors parce que nous les avons achetés sur un coup de tête ou pour une occasion particulière. « Non seulement c’est une perte d’argent et de temps mais question environnement, il n’y a pas pire ! Nous avons trouvé une alternative intéressante dans le concept de la location qui fonctionne très bien aux États-Unis depuis une quinzaine d’années », explique Mathilde.
Cette approche plus responsable ne s’applique pas uniquement au prêt-à-porter. « Une perceuse, on l’achète et on l’utilise 7 minutes en 20 ans, pourquoi ne pas plutôt la louer ? », s’interroge-t-elle ? Et ainsi de suite… Près de deux ans après sa création, Podium a donc changé de business model : « Nous avons choisi le B2B pour accompagner les marques qui ne savaient pas trop comment proposer ce type de service. Fort d’une première expérience en B2C, nous étions désormais capables d’appréhender le marché et la logistique », explique-t-elle.
Podium s’affiche désormais comme le prestataire et le partenaire des retailers, dont 80% sont issus du prêt-à-porter, qui souhaitent se lancer dans l’économie circulaire. « Nous donnons aux marques le pouvoir d’agir ! », lance Mathilde qui gère la création de partenariats, les RH et les finances et laisse à son associée la vision et la création de concepts pour les marques. « Mais c’est ensemble que nous prenons les décisions », précise-t-elle.
L’impact comme motivation première
Les jeunes femmes se sont tournées vers Réseau Entreprendre® Essonne dont elles apprécient particulièrement, au-delà du prêt d’honneur et de l’accompagnement accordés, les valeurs véhiculées par l’association, et notamment l’entraide. « Les membres de Réseau Entreprendre® ont cru dans notre projet dès le départ alors que nous n’avions pas encore passé le comité d’engagement », n’oublie pas Mathilde.
Lauréates 2023, elles bénéficient d’un accompagnement individuel pendant 3 ans. « Notre accompagnatrice Hélène est avocate, experte dans le juridique et le légal, une compétence que nous n’avions pas. Elle nous donne des clés pour nous aider à négocier avec de grandes marques. Elle est géniale, elle croit au projet. Elle essaie en permanence de nous challenger, c’est à la fois grisant et très motivant ».
Pousser une innovation n’est pas si simple, même si le sujet semble aujourd’hui porteur. « Faire passer une idée qui n’existe pas c’est compliqué et cela prend du temps. Mais le jour où ça matche, on peut espérer avoir un réel impact », estime Mathilde. Entrepreneuses tenaces et férues de travail, les deux jeunes femmes sont avant tout des passionnées. Et il en faut de la passion pour développer un tel projet dans un marché, en crise. « Oui, il y a des frustrations car nous avons parfois le sentiment que les choses n’avancent pas aussi vite que nous l’aurions espéré. Des projets lancés en début d’année ont été reportés à cause de la crise. De notre côté, tout est prêt, nous attendons le GO de nos clients qui ont la volonté d’agir mais qui ont aussi leurs contraintes économiques ». Alors en attendant des conditions plus favorables, Mathilde et Charlotte comptent sur les missions de conseil qui leur sont confiées pour développer l’entreprise et gagner en notoriété.
Entreprendre pour s’épanouir
Malgré les aléas, leur passion pour l’entrepreneuriat reste intacte. « Je veux être entrepreneuse, je l’ai toujours voulu et je sais que ce n’est pas facile. C’est un marathon perpétuel qui se prépare chaque jour. Avec Charlotte, nous aimons dire que nous sommes des jardinières : nous semons chaque jour des petites graines qui un jour germeront. C’est l’objectif final qui nous motive, celui de pouvoir proposer un portant à la location dans toutes les boutiques de France. Que cela se fasse avec ou sans nous, j’ai tout simplement envie que le concept existe pour moi et dans toutes les phases de ma vie. Mais les marques sont encore un peu réticentes à l’innovation », regrette Mathilde.
Du haut de ses 25 ans, la jeune femme sait déjà qu’elle ne trouvera son épanouissement que dans l’entrepreneuriat. « Aucun autre job me plaît, encore moins l’idée du salariat. J’ai besoin de toucher à tout pour me sentir épanouie. En réalité, ce qui m’intéresse c’est l’impact que je peux laisser sur la société, peu importe le secteur d’activité », martèle-t-elle.
Toujours y croire
À la question « Quelle est la figure entrepreneuriale qui vous inspire ? », Mathilde lâche un étonnant Orelsan, rappeur, compositeur, réalisateur… et chef d’entreprise. « J’ai vu un reportage sur sa vie qui m’a captivée. Pendant 10 ans, personne n’a cru en lui. Il était passionné et y a toujours cru. Il n’est pas que rappeur, il est également producteur, écrit des chansons, a créé Avnier, une marque de mode streetwear. Il part de loin, il a toujours eu envie d’être disruptif, d’avoir un impact. C’est aussi pour cela que j’entreprends aujourd’hui ! Et puis, il a eu un sacré bad buzz mais il a continué, malgré tout. Sa persévérance m’émeut et me guide », confie-t-elle. Jours meilleurs est la chanson qui la touche et l’inspire le plus. « La fin du désert se cache peut-être derrière chaque dune »…
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