Témoignage de Laurent Motte.

 

Après des années passées en entreprise à des postes de management d’équipe jusqu’à 250 personnes, Laurent Motte est aujourd’hui coach professionnel et accompagne des managers et dirigeants notamment autour des problématiques du vivre ensemble et du sens relationnel. Il nous explique dans cette interview pourquoi et comment les chefs d’entreprise doivent et peuvent prendre soin d’eux.

 

Pourquoi parle-t-on tant du bien-être au travail et si peu de la santé des chefs d’entreprise ? Existe-t-il un tabou ?

De manière générale, les personnes aiment parler de leur bonheur plutôt que de leurs déboires et les dirigeants n’échappent pas à cette règle. Lorsqu’on évoque avec eux le sujet de la santé, ils auront spontanément tendance à parler de celle des autres : niveau de stress dans les équipes, qualité de vie au travail, risques psychosociaux. C’est une réalité à laquelle s’ajoute le fait qu’ils dissocient le sujet de la véritable question de la santé (capacité à se ressourcer, à bien se nourrir,).

D’ autre part, ils sont souvent dans la négation car ils pensent que leur santé n’est pas un enjeu ; que l’important est la santé de l’entreprise et des salariés plutôt que la leur.

 

Quelles recommandations faites-vous aux chefs d’entreprise pour qu’ils prennent davantage soin d’eux ?

Il faut avoir des sources de ressourcement ; cela peut passer par le simple fait de s’exprimer par exemple. Je recommande souvent aux dirigeants de créer un conseil quel qu’en soit la nature. S’entourer est une clé à activer car l’émulation peut amener du mieux-être et du bien-être. Se ressourcer, c’est aussi prendre soin de son corps car le physique transmet beaucoup de sensations, émotions, intuitions.

 

Les chefs d’entreprise travaillent un nombre d’heures plus important que la moyenne et se déconnectent peu ; comment prendre soin de soi quand le temps manque ?

Se ressourcer est souvent vu comme une perte de temps or c’est juste une façon différente de l’utiliser. On peut par exemple résoudre un problème en marchant ! On a parfois l’impression de devoir le traiter au bureau mais pourquoi ne serait-il pas possible de faire autrement ? J’ai accompagné un dirigeant qui était très stressé ; il me disait souvent que le lundi il avait des solutions qu’il avait trouvé le samedi. Je lui ai fait prendre conscience que ses activités de loisir lui laissaient un espace pour trouver des solutions.

 

Un dernier conseil à adresser aux dirigeants ?

Les gens consultent souvent un peu tard. Si se rendre compte que ça ne va pas est déjà un succès, mieux vaut ne pas se cacher derrière des lunettes noirs et apprendre à identifier ses propres signaux faibles assez tôt car j’aime rappeler que c’est par mer calme qu’il faut apprendre à diriger le bateau !