SkitEC, glisser vers la transition environnementale
3e jour de notre semaine thématique dédiée à l’Economie sociale et solidaire (ESS), 3e portrait. Direction la Savoie, où SkiTEC, accompagnés par Réseau Entreprendre® Savoie ambitionne de donner une deuxième vie utile à centaines de milliers de skis. C’est sous la forme d’une Société coopérative d’intérêt collectif que se développe l’entreprise. Explications
Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que SkiTEC ?
Emilie Vuillequez, je suis la directrice générale et gérante de la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) SkiTEC.
SkiTEC est une coopérative créée en 2021, qui a comme mission de réutiliser 100 000 skis par an à partir de 2025. Son objet est de concevoir et fabriquer, avec des skis usagés, des meubles et des matériaux de construction pour abris à vélos, abribus, supports photovoltaïques, etc. Le projet existe depuis 2018 avec des collectifs actifs sur la réutilisation des skis. Une association, accompagnée par France Active puis par l’Union régionale des SCOP et SCIC, a d’abord été créée. Quand on a eu la validation d’un projet économique « marchand », un porteur de projet a été recherché pour créer la coopérative. Avec la période Covid, le projet a pris du temps à voir le jour.
Aujourd’hui, la coopérative, avec 40 associés, existe sous forme de société anonyme (SA).
SkiTEC est à mi-chemin entre une entreprise de l’ESS et une entreprise classique. On ne coche jamais vraiment toutes les cases : d’un côté notre statut de coopérative SCIC et un modèle économique attendu à l’équilibre comme souvent dans l’ESS, de l’autre, notre modèle d’entreprise innovante, et donc déséquilibré les premières années, sans être une start-up. On est un OVNI, d’où nos multiples accompagnements, avec Réseau Entreprendre® Savoie aujourd’hui, dont l’approche est vraiment complémentaire des autres, avec une plus-value sur la posture de chefs d’entreprise et sur notre modèle de gouvernance.
Comment avez-vous connu Réseau Entreprendre® ?
Je connaissais Réseau Entreprendre® personnellement car j’ai travaillé dans l’accompagnement et notamment sur un projet de transmission TPE PME dans les quartiers dits « sensibles » à l’époque. Puis j’ai été diplômé d’HEC Entrepreneurs, parcours dans lequel Réseau Entreprendre® est évidemment cité. Et dans l’écosystème local, Réseau Entreprendre Savoie est un acteur incontournable de l’entreprenariat.
Que retirez-vous de votre expérience chez nous ?
On est passés par le parcours d’accompagnement amont, avant le comité d’engagement. J’ai rencontré 7 chefs d’entreprise, pour certains issus du même secteur d’activité, qui m’ont challengée sur les signaux et indices forts de ce qui peut marcher ou non. D’autres sur des mécaniques telles que la R&D pour le développement technique. Même s’ils étaient issus de secteurs différents, on identifiait des points communs sur nos cycles d’investissement ainsi que des trucs & astuces fiscales (JEI par ex.)
De manière générale, j’ai trouvé une réelle appétence pour la composante environnementale de notre projet. Ils étaient aussi intéressés pour en connaître plus sur son volet économie circulaire. C’était intéressant et cela symbolise bien la réciprocité du réseau je trouve.
Et sur votre modèle spécifique, notamment la gouvernance de la SCIC ?
J’ai rencontré beaucoup de curiosité de leur part, une ouverture d’esprit pour comprendre la manière dont on se gouverne, la répartition et le pouvoir de décision. Un volet plutôt challengé par les permanents de l’association.
Pour certains chefs d’entreprises, ce sont des mécanismes assez similaires aux leurs, avec notamment la nécessité d’avoir des règles communes bien définies, que ce soit dans un pacte d’associés ou dans nos statuts en ce qui concerne la SCIC. Évidemment, dans notre cas ce n’est pas le capital qui définit le pouvoir, mais chaque personne qui a une voix. Les décisions sont prises au consentement, et si besoin, à la majorité.
Quel autre sujet a interpelé les valideurs sur votre projet ?
Finalement ce n’est pas vraiment le statut ESS qui les a intéressé mais davantage la dimension RSE et le caractère innovant de l’activité : on applique les principes de l’économie circulaire sur des objets de transition environnementale. De plus, on n’avait pas d’objectifs très chiffrés par produit ni de certitude sur les tendances à venir des marchés sur lesquels nous nous sommes lancés. Ce qui a un peu déstabilisé les accompagnateurs, mais les a aussi vraiment intéressé.
Que retenez-vous de cette expérience ?
J’ai apprécié la bienveillance réelle lors des rendez-vous en accompagnement Amont et en comité d’engagement. J’ai aussi aimé le fait que les chefs d’entreprises n’étaient pas dans le jugement et qu’il y avait la volonté réelle de faire progresser le projet et le porteur de projet. Ce n’est pas juste du discours, ça se retrouve dans les actes aussi ! C’étaient des échanges humains, concrets. Ce qui compte chez Réseau Entreprendre®, c’est le fond !
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