Plus de 2 millions de personnes en France sont surexposées à des risques de lombalgie dans leur travail quotidien ! Pour répondre à ses enjeux, Antoine Noël, fondateur de Japet Medical et lauréat de Réseau Entreprendre® Nord, a choisi d’apporter une solution concrète en créant un exosquelette spécifiquement conçu pour lutter contre ce mal souvent qualifié de « mal du siècle ».
Dans cette interview, il explique comment son parcours, enrichi par l’accompagnement de Réseau Entreprendre®, lui a permis de concrétiser ses idées et d’avancer plus vite dans son projet.
Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez choisi de travailler sur les exosquelettes dès vos études ? Pourquoi ce sujet vous a-t-il intéressé et quelle entreprise avez-vous développé dans ce domaine ?
Avant même d’intégrer une école d’ingénieur, je travaillais déjà sur des robots. Une fois dans mon cursus, j’ai voulu m’orienter vers une application concrète et pertinente de la robotique : les robots médicaux, notamment les prothèses robotisées. Nous développions des prothèses de main pour les enfants atteints d’agénésie.
Au fil de mes recherches, j’ai réalisé que la robotique, malgré les promesses, ne s’implantait pas aussi rapidement dans notre quotidien qu’on l’espérait, et c’est encore vrai aujourd’hui avec des projets comme ceux de Tesla. Cette déception m’a amené à découvrir un autre domaine : les exosquelettes. Ils représentaient à mes yeux l’équilibre parfait entre la force mécanique des machines et l’adaptabilité humaine.
J’ai donc fait un premier stage au Commissariat à l’énergie atomique, où nous travaillions sur des projets pour la Direction générale de l’armement. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de poursuivre mes recherches au MIT, où j’ai collaboré sur des projets d’exosquelettes à la fois pour des applications militaires et médicales. Cette expérience m’a donné envie de créer ma propre entreprise. À mon retour en France, après avoir traversé l’Atlantique à la voile avec deux entrepreneurs plus expérimentés, l’idée s’est concrétisée : j’allais me lancer dans le développement d’exosquelettes. Quelques semaines après mon arrivée, c’était chose faite.
Le mal de dos est souvent présenté comme le mal du siècle ? Quelle ampleur ce sujet a-t-il dans notre pays ?
Le mal de dos est effectivement souvent qualifié de « mal du siècle » et ce n’est pas sans raison. Plus de 4 personnes sur 5 seront touchées par cette problématique au cours de leur vie. Si, dans 80% des cas, la douleur disparaît après quelques semaines, pour 20% des personnes, cela devient un véritable cercle vicieux. On parle ici d’une spirale mêlant antidouleurs, consultations médicales répétées et souvent même une errance médicale qui, après plusieurs années, peut conduire à une perte d’emploi, une baisse de la sociabilité et une détérioration importante de la qualité de vie.
Le coût pour l’assurance maladie est colossal : près d’un milliard d’euros par an, dont 80% liés aux cas chroniques. Bien que les causes exactes soient multiples, l’un des facteurs de risque majeurs reste le travail physique pénible. Aujourd’hui, plus de 2 millions de personnes en France sont surexposées à des risques de lombalgie dans leur travail quotidien. Ces chiffres montrent bien l’ampleur du problème et l’importance pour les entreprises de prendre conscience de leur rôle dans la santé publique.
En quoi l’apport de solutions à la lutte contre les troubles musculo squelettiques (TMS) peut concerner les entrepreneurs ? Quels conseils leur donneriez-vous pour lutter efficacement contre ?
La prise de conscience des TMS ne date pas d’hier. Les premières réponses ont été l’automatisation et la robotisation des lignes de production. Par la suite, un effort significatif a été fait sur l’ergonomie pour améliorer les conditions de travail et réduire ces risques. Cependant, malgré ces avancées, toutes les solutions traditionnelles ont déjà été largement mises en œuvre.
Aujourd’hui, les entreprises se heurtent à un véritable plafond de verre. Elles continuent de faire face à des coûts directs liés aux TMS qui avoisinent les 2 milliards d’euros chaque année. Pour y remédier, elles investissent massivement dans des solutions de prévention. Parmi celles-ci, les exosquelettes émergent comme une opportunité réelle et efficace pour lutter contre les TMS et réduire les coûts associés à ces problématiques.
Vous avez été accompagné par Réseau Entreprendre® dans le cadre du programme Start sur la création, puis Booster sur la croissance : que vous ont apporté ces deux accompagnements ? En quoi ont-ils été utiles pour votre entreprise ?
Que ce soit à travers le programme Start ou le programme Booster, le principal atout de Réseau Entreprendre® c’est la possibilité de partager de manière ouverte avec d’autres entrepreneurs sur les problématiques du quotidien. Celles-ci évoluent bien sûr au fil du temps, entre la phase de création et celle d’accélération de l’entreprise. Participer à ces deux programmes m’a permis de bénéficier d’un accompagnement adapté à chaque étape, tout en échangeant avec des personnes confrontées aux mêmes défis.
Le deuxième aspect essentiel est l’accompagnement par un entrepreneur plus expérimenté. Il ne s’agit pas seulement d’éviter les erreurs, mais surtout, lorsqu’on en fait, d’apprendre à rebondir plus rapidement grâce à ses conseils.
Enfin, le Réseau Entreprendre®, par sa diversité et son étendue, nous offre l’opportunité de trouver des personnes qui ont déjà traversé les mêmes situations ou qui disposent de solutions adaptées à nos besoins. C’est un véritable accélérateur, tant pour devenir entrepreneur que pour réussir cette transition vers un rôle de dirigeant, un point clé du programme Booster.
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