Vincent Ossola (Alsace Tôlerie) : « Réseau Entreprendre, pour l’accompagnement ! »
Bonjour Vincent Ossola. Qui êtes-vous ?
J’ai 45 ans, j’ai deux enfants. Je dirige différentes entreprises dont la société Alsace Tôlerie, créée en 2005 et que j’ai reprise en 2011.
J’ai suivi des études pour devenir ingénieur en génie des matériaux à Nancy avec une spécialisation à Sarrebrück, et un MBA de l’université de Duke en Caroline du Nord. Entre la fin de mes études et 2011, j’ai eu un parcours de cadre dans l’industrie (en région parisienne, dans les Vosges et en Alsace).
2011, l’année où vous reprenez Alsace Tôlerie : qu’est-ce qui vous a motivé dans la reprise de cette entreprise ?
A l’issue de ma deuxième expérience professionnelle, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour des fonctions que peut assumer un dirigeant salarié (commercial, développement produit, production, RH, etc.). J’aspirais à une nouvelle expérience.
Ma situation familiale étant difficilement compatible avec le risque induit par la création d’une activité, je me suis mis à la recherche d’une entreprise à reprendre. En effet, si les engagements financiers sont plus lourds dans ce type d’exercice, je pense qu’il est moins risqué de partir d’un existant et de le modifier. Cela correspondait plus à mes attentes de l’époque : dans mon esprit il est toujours plus aisé de créer une entreprise quand on n’a rien à perdre, et lorsqu’on n’engage que soi.
Cela a abouti à la reprise d’une petite entreprise industrielle à Colmar : Alsace Tôlerie.
Justement, pouvez-vous nous présenter cette entreprise ?
Alsace Tôlerie est un sous-traitant de l’industrie qui fabrique des pièces métalliques en tôlerie fine (acier, aluminium, inox). Nous coupons, plions, soudons, peignons et montons des éléments originellement constitués en tôle. Nos produits sont ensuite généralement montés dans les chaînes d’assemblage de nos clients qui sont de plus en plus intégrateurs.
Depuis que j’ai repris cette entreprise, nous avons doublé de taille, pour réaliser un chiffre d’affaires de 4 millions € en 2017. Nous employons 38 salariés.
Mais vous n’êtes pas seulement le dirigeant d’Alsace Tôlerie…
Effectivement, en reprenant Alsace Tôlerie, j’ai découvert des actifs industriels sous-exploités. J’y ai vu l’opportunité de suivre une nouvelle approche commerciale. J’ai donc créé une société de découpe en ligne : www.john-steel.com. Particuliers et professionnels peuvent acheter du métal découpé sur mesure et se faire livrer à domicile, dans l’atelier ou sur chantier.
J’ai enfin repris début 2017 la société de mécanique générale Schwebel Industries à Oberhaslach. Elle emploie 19 personnes.
Pourquoi vous être tourné vers le Réseau Entreprendre Alsace ?
J’ai eu la chance d’être lauréat en 2011 lors de la reprise d’Alsace Tôlerie. Puis j’ai rejoint Réseau Entreprendre Alsace en tant que membre en 2016.
Aujourd’hui, les enjeux sont différents. En France, 80% des entreprises emploient moins de 10 salariés. Or lorsqu’on dépasse une certaine taille, la manière d’appréhender les choses change : on est moins opérationnel et il faut trouver le bon positionnement pour ne pas devenir le spectateur de ses affaires. Je n’étais entouré d’aucun collègue confronté à ces problématiques avec lequel je puisse échanger. Comme il y a plus d’idées dans plusieurs têtes que dans une, je pense que la solution de l’accompagnement est particulièrement pertinente.
Ce point est d’autant plus important que j’ai fait, en termes de gouvernance, le choix de l’indépendance : je suis seul à porter le risque de mes entreprises. Il y a donc des décisions qui m’engagent ainsi que mes collaborateurs, mais que je suis au final le seul à prendre. Vu les enjeux, il me semble plus sage d’avoir l’humilité de m’appuyer sur des personnes qui se sont retrouvées dans la même situation.
Lauréat du programme Ambition, je suis en train de constituer mon comité d’accompagnement. Dès début 2018, 3 personnes me suivront durant 3 ans.
Cette formule, comme tous les accompagnements de Réseau Entreprendre, se passe sur la base du bénévolat. Ce qui permet à une entreprise « en devenir » de bénéficier de l’expertise d’une espèce de « board » sans en supporter le coût.
Que diriez-vous à un porteur de projet en phase de création d’entreprise ou de reprise, et qui hésiterait à se rapprocher de Réseau Entreprendre Alsace ?
Le métier de chef d’entreprise requiert une grande polyvalence. Il faut comprendre ses clients, ses collaborateurs, et ses financiers qui suivent chacun des objectifs qui ne convergent pas toujours. Ainsi, s’il existe une image du chef d’entreprise qui réussit insolemment dans ses affaires en poursuivant son rêve, elle est surtout… romantique. Et elle est d’autant plus pernicieuse que la barrière d’accès à ce métier est presque nulle. Dans la réalité, un bon chef d’entreprise c’est quelqu’un de pragmatique et de modeste. Savoir que l’on ne sait pas tout, c’est déjà le début du succès.
Lorsque l’on crée ou reprend une entreprise, on peut se noyer ou se rassurer dans le quotidien. Or dans un environnement qui évolue constamment : le chef d’entreprise doit se ménager des périodes de « conscience », au cours desquelles il fait le bilan de ses progrès et où il définit les prochains pas. Une entreprise n’ira jamais plus vite que la vitesse à laquelle son chef d’entreprise peut aller. En étant accompagné par Réseau Entreprendre Alsace, le chef d’entreprise est poussé à se questionner régulièrement.
Globalement, pour moi, Réseau Entreprendre est une structure unique : elle propose un accompagnement sur le long terme et permet d’être en contact avec un large panel de chefs d’entreprise.
Pour finir, quels sont les prochains projets de votre entreprise ?
Deux axes de développement s’offrent à nous. D’une part poursuivre une logique de verticalisation et d’intégration des métiers de la transformation métallique. D’autre part, poursuivre notre expérimentation dans l’e-commerce qui constitue un enjeu majeur pour ces prochaines années.