Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
Je suis ingénieur chimiste de formation. J’ai fait 3 ans d’alternance dans la distribution de matières premières pour les industries chimiques. J’ai pu découvrir les différents ingrédients cosmétiques, et cette expérience m’a permis d’avoir la connaissance nécessaire pour moi-même sélectionner les matières premières de mes produits cosmétiques. Ça m’a aussi permis de développer des compétences commerciales et marketing. Puis j’ai été technicienne de laboratoire dans un centre de recherche et dans un grand groupe à Londres.
Donc j’ai cette double casquette et cette polyvalence que peut avoir un chef d’entreprise, avec un côté profil plutôt commercial et une formation de chimiste, très technique.
Ça a été très formateur pour moi de travailler en Angleterre car j’y ai découvert une offre beaucoup plus importante qu’en France, avec plus de choix. En rentrant en France, j’ai voulu mettre ma pierre à l’édifice, et construire une marque française qui répondait aux besoins des personnes aux cheveux texturés
Avec ma connaissance des matières première j’ai pu moi-même sélectionner mes ingrédients pour développer mes produits. Et grâce à mes compétences de chimiste, j’ai pu développer des produits en phase avec mes propres attentes.
Avoir travaillé dans deux pays différents c’est aussi une richesse. Ça m’a apporté plus d’ouverture d’esprit pour gérer mon entreprise au quotidien et pour la relation que j’ai avec mes collaborateurs. J’ai intégré le programme Shaker de Genopole, l’un des plus grands centres européens de biotechnologies. Grâce à ce programme, j’ai pu disposer d’un laboratoire pour rechercher les meilleures compositions de mes produits, avant de créer ma société.
Aujourd’hui cela fait un mois que notre marque est lancée. On développe des soins pour les cheveux texturés, et notre crème de soin est disponible à la vente sur notre site internet. Et très bientôt, on va lancer un soin lavant dont la composition s’adapte aux saisons.
Aujourd’hui, nous sommes deux dans la société, j’ai une collaboratrice qui s’occupe de la partie communication marketing, mais j’espère bientôt agrandir l’équipe.
Avez-vous été confrontés à des difficultés/obstacles/freins au lancement de votre projet, si oui lesquels selon vous ?
Je suis sur un projet qui nécessite d’avoir accès à un laboratoire. Ce besoin d’accès a été un premier frein jusqu’à ce que je sois sélectionnée par Genopole. Ça aurait été compliqué de mener mon projet au bout sans avoir de moyen pour développer mon produit.
La question du financement a été aussi un très gros frein. Genopole m’a orienté vers des partenaires et notamment Réseau Entreprendre. La recherche de financement a été une vraie épreuve, plus longue que prévue mais finalement une fois qu’on est entouré de bons partenaires, de bonnes personnes tout découle. Les partenaires me proposaient aussi un accompagnement donc ça a été bénéfique. La patience m’a apporté de bons interlocuteurs fait pour mon projet. Cela m’a apporté des partenaires qui ne sont pas là que pour de l’argent.
Toutes les modalités autour de la création d’entreprise ont aussi été un obstacle. Quand on se lance on n’est pas forcément au fait de tout. Mais finalement ce sont des choses qui ne sont pas si compliquées que ça.
Un autre frein a été le fait que je sois seule associée de ma société. Beaucoup d’interlocuteurs privilégient les projets portés par 2 ou 3 personnes. C’est plus rassurant pour eux par rapport à l’investissement et pour la grande quantité de travail que cela représente. J’ai préféré me lancer seule aujourd’hui parce que je n’ai pas trouvé la personne adéquate avec qui mener ce projet-là.
Et puis enfin les délais. Chaque action entraine un délai qui parait assez long. Les délais administratifs peuvent nous faire perdre un mois. Donc les délais de latence sont un vrai frein.
Les avez-vous totalement ou partiellement levés ?
Ils sont totalement levés car j’ai bouclé mon plan de financement, j’ai trouvé mon labo et je suis entourée de mentors.
Quels moyens avez-vous mis en place pour lever ces freins ?
La patience et le réseau. Je ne suis pas restée seule. L’écosystème m’a beaucoup aidé. Toutes les solutions à ces freins je les ai trouvées via mon réseau.
Vous êtes lauréates Réseau Entreprendre Essonne, qu’est-ce que l’association vous a apporté ?
Enormément. Au niveau de la fonction du Réseau Entreprendre, cela m’apporte de l’accompagnement. J’améliore ma vision de la gestion de ma société. Ils m’aident à cibler mes priorités et à évaluer mes KPI. Le Réseau m’a apporté un mentor qui s’y connait dans mon secteur d’activité. Son avis et l’expérience qu’il m’apporte est très importante pour ma société. Cela me permet d’avoir un backup, des personnes qui peuvent me soutenir sur l’aspect financier et nous conseiller.
Le club me permet d’avoir une ouverture d’esprit pour améliorer la gestion de ma société au quotidien. Ils permettent d’avoir des réflexions sur des thématiques d’entreprise que je n’aurais peut-être pas eues si je n’étais pas dans ce réseau.
Quels sont les obstacles auxquels vous devez encore faire face pour la poursuite de votre projet entrepreneurial ?
Je pense que c’est lié à mon secteur qui est très concurrentiel :
- La visibilité de la marque sur le volet communication et marketing
- Tout ce qui est lié à la rentabilité de ma société est un obstacle
Comment les surmontez-vous ?
J’essaie d’être la plus agile possible en restant pragmatique, en étant créative au jour le jour pour trouver de nouvelles idées qui permettent de développer mes produits.
J’essaie de me fixer des objectifs à court terme pour être agile et ajuster ces objectifs au jour le jour pour atteindre mes objectifs de long terme.
Si vous deviez donner 3 conseils à une future cheffe d’entreprise pour l’aider à se lancer et oser l’entrepreneuriat, que vous lui donneriez-vous ?
- Être sûre de soi, et ne surtout pas laisser paraître qu’on ne l’est pas. Bien préparer ses dossiers, bien préparer ses pitchs pour toujours être sûre de soi, et maîtriser son sujet.
- Ecouter et bien noter les feedback positifs et négatifs. Garder tous les retours qu’elle peut avoir sur son projet même si sur le moment elle peut ne pas être d’accord. Garder à l’esprit que même les mauvais retours peuvent nous faire avancer. Ça ne veut pas forcément dire qu’il faut y adhérer mais les écouter.
- Être opportuniste dans le sens où il faut saisir l’opportunité qui se crée, on n’en voit pas toujours la valeur peu importe, si ça fait partie de son plan ou du hasard il faut la saisir.
- Quatrième conseil, ne jamais prendre un non pour acquis. On ne vous dit pas toujours oui du premier abord. Ta capacité à être persistante va te permettre d’aller au bout de ton projet.
Ce n’est pas parce qu’on te dit non 1 fois, 2 fois, 3 fois que c’est acquis. Ce n’est peut-être pas le bon timing, pas le bon interlocuteur, il manque quelque chose à retravailler. Il faut retenter une fois le projet retravaillé. En persistant un interlocuteur m’a dit oui. J’ai pris le temps de faire le point sur le feedback qu’on m’a donné quand on m’a dit non. Ça a été l’occasion de prendre du recul et d’améliorer mon projet et mon business plan.
Le fait d’entreprendre en tant que femme est-il une difficulté selon vous ?
Dans certains cas, ça a pu être une difficulté, mais ce n’est pas seulement mon genre qui a apporté cette difficulté. Mon jeune âge, ne m’a pas toujours aidé pour être crédible auprès de certains interlocuteurs.
Mais chez tous les accompagnateurs que j’ai rencontrés il y a une réelle volonté et une dynamique d’inclure les femmes dans l’entrepreneuriat. Au-delà de l’aspect pratique, le fait d’avoir des retours d’expérience d’entrepreneures a été hyper important.