Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel?

Après avoir débuté ma carrière au sein du cabinet Deloitte, j’ai rejoint TotalEnergies en 1992 pour une première expérience en Colombie. Déjà 30 années donc, qui sont passées rapidement ! J’ai eu la chance d’exercer toute une variété de métiers, de la distribution de carburants aviation au lancement des activités de commercialisation d’électricité, de gaz et de pellets de bois, etc. Mon parcours est en quelque sorte l’illustration du chemin des énergies de la Compagnie, de notre stratégie multi-énergies ! Mon poste actuel, à la tête de la Direction France, me donne l’opportunité de voir au quotidien les preuves de cette transformation sur le territoire français et de prendre part à la transition énergétique.

 

Avez-vous éprouvé en tant que femme des freins personnels à votre carrière ?  Si oui, lesquels ? Et quels ont été les moyens mis en place pour lever ces freins ? 

J’ai été la première femme de la Compagnie à occuper un poste de directeur de filiale de distribution de carburants et combustible. Autant vous dire que cela n’a pas été évident au départ, et que j’ai été accueillie avec méfiance. Mais j’ai assuré ma fonction avec sérieux et conviction, avec la façon d’être qui est la mienne, sans chercher à imiter un modèle de management masculin. Passée une première phase de surprise, les équipes ont compris qu’une femme pouvait occuper le poste et m’ont rapidement adoptée.

Ne nous y trompons pas, aujourd’hui encore bien souvent lorsqu’une femme arrive à un poste à responsabilités, elle est vue comme une femme avant d’être vue comme un manager. Si je devais donner un conseil aux femmes, cela serait de rester soi-même, de dire ce qu’on fait et de faire ce qu’on dit, la sincérité et le professionnalisme finissent par payer !

 

Quels sont selon vous les raisons du faible niveau de présence des femmes dans les instances et les obstacles auxquels elles font face pour accéder à des postes de pouvoir ?

Le « plafond de verre » est toujours une réalité bien identifiée dans les entreprises. Si les causes restent difficiles à démontrer, deux grands leviers d’actions peuvent faire bouger les lignes.

Le premier relève de l’entreprise elle-même, à travers son fonctionnement, ses pratiques et l’attention portée au sujet. La loi Copé Zimmerman a permis une réelle avancée du côté des conseils d’administration, la France se situe aujourd’hui au premier rang mondial en termes de féminisation des conseils d’administration des grandes entreprises cotées, avec une proportion de plus de 46% de femmes en 2021. Mais le plafond de verre peut persister au sein des instances de direction des entreprises, non concernées par la loi. Sans obligation légale, seule une stratégie volontariste des entreprises en faveur de la mixité, avec des objectifs chiffrés, permet de faire bouger les choses. TotalEnergies s’est ainsi fixée des objectifs de progrès pour atteindre une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes dans les instances dirigeantes de la Compagnie : aujourd’hui nous avons déjà 25% de femmes au Comex, à l’horizon 2025 elles seront 30%, comme dans les comités de direction.

Par ailleurs, je suis convaincue qu’il faut continuer à agir sur cet autre levier qu’est l’éducation, pour promouvoir la mixité des métiers et l’accès des femmes aux secteurs des sciences et de l’industrie. TotalEnergies porte une attention particulière à la féminisation des filières techniques, mais nous sommes encore loin d’atteindre la parité à la sortie des écoles d’ingénieurs. C’est de notre responsabilité aussi de montrer le vrai visage de l’industrie de demain, tournée vers l’avenir, vers les technologies innovantes, vers la transition énergétique. Cette dynamique de transformation, dans laquelle la Compagnie est résolument engagée, ouvre de nouvelles opportunités en termes de métiers et de challenges pour les femmes. Pour inciter les jeunes femmes à oser aller vers ces filières, nous sommes d’ailleurs partenaires en France de l’association Elles bougent, avec plus de 200 marraines ingénieures de la Compagnie qui sensibilisent chaque année les lycéennes.

 

Selon vous, quel est l’impact de la présence des femmes dans la gouvernance des organisations sur les décisions ?

Le lien entre mixité professionnelle, croissance économique et performance des entreprises n’est plus à prouver. De la diversité nait la richesse et la créativité, cela ne fait aucun doute !
La mixité dans une instance dirigeante se ressent de façon évidente : en cassant les codes historiques masculins, le style est différent, plus représentatif de la société civile et donc plus équilibré.  

Certaines études montrent que la mixité au sein des instances dirigeantes des entreprises serait un facteur clé d’une gouvernance durable, les objectifs développement durable étant davantage pris en compte par les femmes.

En fait, les entreprises ont intérêt à pousser un équilibre hommes – femmes, parce que cet équilibre enrichit les organisations des qualités de chacun. Il en va de même pour les diversités culturelles et internationales qui enrichissent aussi les équipes en entreprise.

 

Pour rester dans la thématique des énergies, diriez-vous que TotalEnergies met son énergie au service des femmes ?

La signature d’accords, de chartes internationales et l’adhésion à des initiatives en matière de diversité est emblématique de la conviction qui anime la Compagnie sur ce sujet.

Ainsi, TotalEnergies a signé dès 2010 les Women’s Empowerment Principles – Equality Means Business établis par le Pacte mondial des Nations unies, et s’est engagée au sein du World Economic Forum en signant de Closing the gender gap – a call to action.

Au quotidien, l’engagement de la Compagnie aux côtés des collaboratrices, pour favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes, se traduit de diverses façons : par le déploiement d’une politique globale de mixité, d’objectifs chiffrés fixés, de process Ressources humaines prenant en compte la dimension femmes-hommes, et d’accords favorisant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Nous avons aussi des formations internes spécifiques, comme Jeunes talents au féminin, Marketing de soi ou encore How extraordinary women communicate. Par ses actions de mentoring et ses ateliers de développement, le réseau TWICE (TotalEnergies Women’s Initiative for Communication and Exchange) contribue également au développement de la politique de mixité.

Mais la Compagnie s’engage aussi pour les femmes en dehors de l’entreprise. Dans mon poste actuel, à la Direction France, nous soutenons financièrement la création et le développement d’entreprises dirigées par des femmes, c’est un levier pour favoriser l’entreprenariat des femmes qui reste encore en retrait. Nous avons d’ailleurs signé une charte pour nous engager aux côtés de l’Etat et de la Région Pays de la Loire afin de soutenir l’entreprenariat au féminin.